Préambule
En préambule, je ne résiste pas à l’envie de vous compiler quelques passages du livre « Her Back Pois Chiche » de la célèbre égyptologue Isha Schwaller de Lubicz ayant trait au symbole.
« Le symbole est la forme vivante d’une loi […]. Le symbole est une langue de Sages qui connaissent les rapports analogiques du visible et de l’invisible et enseignent l’abstrait par le concret. Pour accéder à cette langue, il faut accepter une formation progressive qui est la montée vers le Temple. »
Quel rapport avec les Rois Mages me direz-vous ? Furent-ils la forme réellement vivante d’une loi divine ou, à l’instar des rituels une langue de Sages destinée à nous décrire les rapports analogiques entre notre monde visible et ce monde invisible que nous nous efforçons d’explorer avec ardeur ?
Pour essayer de nous en faire une idée, nous aborderons successivement les origines historiques des Rois Mages puis leur survivance dans la tradition populaire pour terminer par la portée ésotérique du message communiqué par ces Rois Mages.
Nous conclurons après avoir tenté de mettre en lumière comment ces Mages survivent en chacun de nous.
Origines historiques des rois mages
L’évangile selon Saint-Mathieu
La tradition chrétienne a donné le nom de « Rois-Mages » aux mages qui viennent voir l’enfant Jésus à Bethléem et qui l’adorent, d’après l’évangile de Saint Matthieu : Chapitre 2, versets 1 à 16.
« Jésus étant né à Bethléem de Judée au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem en disant : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu en effet son astre à son lever et sommes venus lui rendre hommage ».
« L’ayant appris, le roi Hérode s’émut, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres avec les scribes du peuple, et il s’enquérait avec eux du lieu où devait naître le Christ. » A Bethléem de Judée, lui dirent-ils ; ainsi en effet est-il écrit par le prophète :
« Et toi Bethléem, terre de Juda, tu n’es nullement le moindre des clans de Juda, car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël ».
« Alors Hérode manda secrètement les mages, se fit préciser par eux le temps de l’apparition de l’astre et les envoya à Bethléem en disant : » Allez vous renseigner exactement sur l’enfant ; et quand vous l’aurez trouvé, avisez moi, afin que j’aille moi aussi lui rendre hommage. »
» Sur ces paroles du Roi ils se mirent en route ; et voici que l’astre qu’ils avaient vu à son lever les précédaient jusqu’à ce qu’il vint s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant. A la vue de l’astre ils se réjouirent d’une très grande joie. Entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère, et se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
« Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays.
» Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : » Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; et restes-y jusqu’à ce que je te le dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte ; et il resta là jusqu’à la mort d’Hérode ; pour que s’accomplit cet oracle prophétique du Seigneur : » D’Egypte, j’ai appelé mon fils. »
Alors Hérode, voyant qu’il avait été joué par les mages, fut pris d’une violente fureur et envoya mettre à mort, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d’après le temps qu’il s’était fait préciser par les mages. »
Les Rois Mages : Mythe ou réalité romancée ?
Voici l’opinion « autorisée » de catholique.org
« Ce récit est merveilleux et de tout temps a fait la joie de la piété populaire, aussi bien des grands que des petits. Les Mages qui donnent de l’or, de l’encens et de la myrrhe (plante aromatique utilisée par exemple dans les embaumements) sont devenus des Rois, et on leur donne des noms : Gaspar, Melchior et Balthasar, avec ces noms, ils sont devenus des personnages légendaires, et en même temps presque vivants. Les crèches les représentent en magnifiques costumes imaginés » orientaux « , avec des chameaux et des serviteurs.
Qu’en est-il réellement ?
Les exégètes sont des savants qui étudient les textes de l’Ancien et du Nouveau Testament en hébreu, en grec, et dans de multiples langues anciennes, qui vérifient les différents manuscrits, comparent les genres littéraires, les écrits du Judaïsme » intertestamentaires « , c’est à dire de la période qui précède immédiatement les Evangiles.
Ces exégètes, ainsi que les historiens qui étudient le premier siècle » après Jésus Christ » et les premiers temps du christianisme avaient tendance à considérer cette histoire comme un récit didactique, c’est à dire destiné à faire comprendre quelque chose plutôt qu’à dire un fait ayant réellement existé.
Aujourd’hui on est plus ouvert à l’idée qu’il y ait des éléments historiques réels dans ce récit.
1° la cruauté d’Hérode, elle est tout à fait prouvée historiquement on sait qu’il a fait d’autres massacres que celui possible de Bethléem, beaucoup plus importants, à commencer par celui de ses propres fils, par crainte qu’ils ne lui prennent le pouvoir.
2° On connaît aussi dans l’histoire de l’époque un astrologue arménien, Tiridate, qui en 66 a fait le voyage de Rome pour dire à Néron qu’il avait vu dans les étoiles qu’il était un Dieu.
3°En effet les astronomes-astrologues avaient coutume de s’adresser aux puissants afin d’en obtenir des récompenses. L’histoire des mages est donc tout à fait vraisemblable, même si elle ne pourra pas être vérifiée absolument. Mais son intérêt explicatif est beaucoup plus important.
4° On a découvert ( voir E Nodet, » Histoire de Jésus ? « , Le Cerf, Paris 2.003) une histoire tout à fait similaire que relate Flavius Josèphe, version en slavon : des sages venus de Perse visitent Hérode « Nous venons de Perse, nos ancêtres ont recueilli des Chaldéens l’astronomie qui est notre science et notre art… « . L’étoile leur est apparue et signifie la naissance d’un roi qui dominera sur l’univers. L’étoile les conduit à Jérusalem mais disparaît. Hérode leur recommande de lui indiquer qui est la personne désignée par l’étoile, mais les Perses ne reviennent pas et Hérode fait massacrer 63.000 enfants de moins de trois ans. (Flavius Josèphe slavon, Guerre des Juifs, 1, 400 , voir Nodet op. cité, p. 219). »
Et voici la conclusion que je partage telle qu’émise par catholique.org :
» On peut dire en conclusion que le récit est vraisemblable selon les mentalités et coutumes de l’époque, qu’un récit fort proche est parvenu à Flavius Josèphe. Celui-ci n’y a pas vu de rapport avec la naissance de Jésus, mais la similitude est étonnante. Flavius Josèphe a-t-il été la source de Matthieu ou Matthieu la source de Flavius Josèphe ? Et la cruauté d’Hérode faisant massacrer des enfants ceux des autres comme les siens paraît bien établie. Mais du vraisemblable à la sûreté historique des faits il y a un pas qu’il n’est pas aujourd’hui possible de franchir. Comme souvent les légendes contiennent souvent à leur base des éléments historiques. Il est malaisé de discerner les contours exacts de ces éléments historiques, mais tout rejeter en bloc est encore plus hasardeux. «
Les Rois Mages dans la tradition populaire
Les Rois Mages ont-ils influencé l’évolution des cultes ?
J’ai compilé pour vous les chapitres que le site « Gallican.org » consacre aux Rois Mages.
En voici l’argumentation, sous la plume de Mgr Truchemotte : Mithra et les Mages de la Nouvelle Alliance selon lequel les Mages de l’Épiphanie pourraient avoir été des prêtres de cette religion venue du sud de la Mésopotamie.
» L’Evangile selon Saint Mathieu rapporte qu’à l’époque de la naissance de Jésus des Mages arrivèrent qui venaient de l’Orient. Selon toute probabilité ces voyageurs spirituels appartenaient à une religion extrêmement antique dont la figure la plus connue des historiens est celle d’un très grand sage nommé Zarathoustra (Zoroastre).
Mais il est bon de préciser que Zoroastre n’était pas le créateur de cette religion dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Il n’avait fait que lui rédiger un code et des principes de vie. En fait, des siècles avant Zoroastre, un Yasata, un esprit céleste était déjà révéré des peuples indo-iraniens: il portait le nom de Mithra.
Il n’est pas sans importance de savoir que les Mages qui vinrent adorer l’enfant de la crèche tenaient ce nom de Mithra comme profondément vénérable. Le nom de Mithra pouvait se traduire par des mots comme: pacte, contrat, alliance… Son rôle était en effet de maintenir l’alliance entre le Dieu Suprême et les humains…
Le livre de l’Avesta – parlant de lui – disait: « le soleil est son œil ».
Il est aussi très sain de préciser ce que les Mages cherchaient en se rendant à Bethléem.
Une très ancienne tradition circulait parmi les maguséens qui formaient une école, un clan particulier, chez les fidèles mazdéens; il était prédit qu’un Sauveur sacré devait naître dans une caverne et que ce petit enfant serait la présence visible de Mithra.
Y avait-il un autre messianisme que celui des prophètes de la Bible ? Dans son érudite étude « Histoire de la Religion et de la Philosophie Zoroastriennes », Paul du Breuil rappelle qu’en Iran oriental des Mages astrologues se recueillaient chaque année sur une montagne pour y guetter durant trois jours l’étoile du grand roi. Il cite le livre de Seth et l’Opus Imperfectum in Matheum et écrit, page 127 de son livre, ces lignes propres à nous éclairer: – « En effet, le thème des bergers qui reconnaissent ou recueillent un enfant royal est propre à la légende iranienne et l’image de la naissance du Sauveur dans une caverne appartenait aux légendes parthes du Saoschian-Mithra, incluant le mythe de la fécondation virginale de la Mère. Parallèlement à l’Apocalypse d’Hystape, une prophétie zoroastrienne sur la naissance de l’idéologie royale parthe circulait parmi les maguséens ».
En résumé nous pourrions dire que si les Mages vinrent à la Crèche, c’est qu’ils avaient été avertis qu’un être extraordinaire allait naître, un être représentant tout autre chose que le Messie de la nation d’Israël. »
Nous reviendrons plus tard sur l’influence du culte de Mithra au cours de l’épiphanie ésotérique que nous aborderons dans notre dernier chapitre.
Zoroastre et les mages
Mithra
Naissance de la tradition
L’Évangile selon saint Matthieu nous a dépeint les Rois Mages comme de nobles pèlerins guidés par un astre pour adorer le Christ nouveau-né en Israël. Les rois mages seraient à l’origine du « massacre des Innocents », puisqu’ils auraient appris au roi Hérode la naissance d’un messie, provoquant le meurtre de tous les nouveau-nés de la région. Ils seraient parvenus à Bethléem le jour de l’Epiphanie et auraient offert, en guise de présents, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
L’archevêque de Gênes, Jacques de Voragine, dans son ouvrage « la Légende dorée » paru au Moyen Âge et en latin, écrit du milieu à la fin du 13ème siècle, serait à l’origine de la création des crèches de Noël célébrant la Nativité. Attention Légende en latin legenda avait un tout autre sens que celui que nous lui connaissons actuellement. Legenda signifiait ce qu’il faut savoir sur. La relation avec l’or « aurea » qui suit n’est donc vraisemblablement pas innocente.
A cette époque l’Ordre du Temple est prospère et représente un trait d’union possible entre tous les courants traditionnels et religieux. Les commanderies situées dans les ports jouaient donc un rôle important dans les activités commerciales de l’ordre. Des établissements templiers étaient installés à Gênes, Pise ou Venise, mais c’était dans le sud de l’Italie, plus particulièrement à Brindisi, que les nefs templières méditerranéennes passaient l’hiver. L’auteur du Legenda Aurea était-il en sympathie voir membre de l’Ordre ?
Jacques de Voragine prête aux Rois Mages des caractéristiques bien précises :
- Balthazar est un Noir,
- Gaspard présente des traits asiatiques et
- Melchior est un vieillard blanc.
D’après la tradition, les mages auraient suivi une étoile spéciale que certains ont cherchée mais il semble que la signification des rois mages soit avant tout philosophique. En effet, les trois mages représentent également les trois stades suprêmes de l’être humain à cette époque, un roi, un prêtre et un prophète. Les Rois mages sont également évoqués au VIème siècle dans l’Évangile arménien de l’Enfance, pour qui le premier aurait été roi de l’Inde, le second roi des Arabes et le troisième roi des Perses. Ils appartiennent à trois peuples différents des trois continents alors connus, l’Asie, l’Europe et l’Afrique, ce qui en faisait des représentants de toute l’humanité. De plus, il existe une confusion du fait que trois cadeaux sont apportés, or, encens et myrrhe, qui sont de prix très élevés à cette époque.
Dans la religion chrétienne, l’or célèbre la royauté de Jésus qui est roi, l’encens est utilisé pour le culte du Dieu mais comme il est également homme, la myrrhe vient lui rappeler sa condition de mortel car elle sert à embaumer les morts. Les couleurs des présents se retrouvent dans le teint des rois mages, en effet, Gaspard au teint asiatique apporte l’or, Melchior à peau claire de l’encens et Balthazar à peau noire, la myrrhe de même couleur.
Les reliques des rois mages sont conservées, d’après la pieuse légende, dans la cathédrale de Cologne, où on les considère comme des saints depuis le XIIème siècle.
De nos jours
De nos jours, les rois mages font partie des décorations des fêtes de Noël. La tradition veut qu’ils veillent sur l’Enfant-Jésus dans la crèche de Noël, au pied du sapin et à coté des cadeaux, sous forme de santons de Provence. Le 6 janvier est l’occasion de les fêter avec une galette des Rois de l’Épiphanie. Cette fête de l’Épiphanie est célébrée dans toute l’Église catholique, anglicane et d’Orient afin de commémorer la première révélation de Jésus aux païens. Mais les coutumes de Noël ne sont pas les mêmes partout, et en Espagne, ce sont les Rois Mages qui déposent des jouets dans les souliers des enfants, le 6 janvier. Cette tradition remonte aux premiers temps de la chrétienté, quand les chrétiens d’Orient célébraient la Nativité le jour de l’Épiphanie. Ce n’est qu’au premier siècle que l’on avança la date de la naissance du Christ au 25 décembre.
Le gâteau des rois, qu’il est usage de partager en famille le jour de l’Épiphanie Cette fête rappelle la manifestation de Jésus-Christ enfant aux Rois Mages et aux Gentils. Comme il a été rappelé ci-avant, la tradition veut que les Mages aient été guidés jusqu’au berceau du Sauveur par une étoile, laquelle fut pour eux, le signe annonciateur, la bonne nouvelle de sa naissance.
La galette contient dans sa pâte le petit enfant populairement dénommé « baigneur ».
Portée ésotérique du mythe des Rois Mages
Le Symbolisme basique
Les cadeaux des mages symbolisent la reconnaissance des trois pouvoirs : pouvoir royal (l’or), pouvoir sacerdotal (l’encens), et pouvoir spirituel (la myrrhe). Ces trois pouvoirs correspondent aux trois mondes reconnaissant l’orthodoxie du christianisme.
- Balthazar : il est noir offre la myrrhe qui représente la souffrance rédemptrice de l’homme à venir (Jésus). La Myrrhe est une gomme résineuse odorante qui suinte naturellement du tronc de l’arbre d’Arabie, le balsamier, de la famille des Burseracées. Elle est ensuite distillée en huile essentielle. Elle fut utilisée par les Egyptiens sous forme de masques faciaux rajeunissants aussi bien que dans les processus de l’embaumement, signe s’il en est un, du passage par la mort de Jésus.
- Melchior : Il est blanc et offre l’encens, signe de divinité, utilisé pour le culte. L’encens symbolise aussi la remontée des prières et des âmes vers le Créateur. Il a un pouvoir purificateur.
- Gaspard : il est jaune cuivré et offre l’or au Seigneur comme à son roi, l’or signifiant la Royauté du Christ. C’est aussi le symbole de l’aboutissement de l’éternité.
Vous seriez déçus si les 3 couleurs et les présents des Rois Mages n’impliquaient pas une clarification alchimique immédiate.
Myrrhe
Symbolisme alchimique des Rois Mages
Nous avons au chapitre précédent évoqué les couleurs des présents et le teint des rois mages. Gaspard au teint asiatique apporte l’or, Melchior à peau claire de l’encens et Balthazar à peau noire, la myrrhe de même couleur.
L’analogie des couleurs des Mages avec celles du Grand Œuvre ne vous aura pas échappé.
Balthazar annonce l’œuvre au noir, Melchior l’œuvre au blanc et Gaspard l’œuvre au rouge.
Mais la galette des rois nous apporte elle aussi un éclairage intéressant. Son origine remonte aux fêtes saturnales qui marquaient dans le culte de Mithra la fin du règne de Saturne.
Il est important de noter que le culte de Mithra sacrifiant le taureau était à son apogée pendant l’ère du taureau qui a précédé celle du bélier qui a elle-même précédé l’ère du poisson.
Un petit rappel sur la phase de mondification s’impose désormais pour clarifier notre propos.
Ainsi donc, le soufre et le mercure sont introduits par le col du ballon. Soufre et mercure ne sont autres que le corps physique du profane qui cherche l’initiation.
Le ballon est alors ouvert et l’Adepte y verse une dose de sel philosophique au moyen d’une pipette. Puis il bouche avec soin l’athanor en prenant garde de bien ficeler le bouchon pour que celui-ci puisse résister aux fortes pressions qui vont bientôt s’exercer dans le ballon.
Pendant deux à trois minutes l’adepte secoue énergiquement le ballon en tous sens.
A cet instant précis, toujours ganté, l’opérateur va imprimer au vase quatre saccades de bas en haut puis le reposer sur son support.
Ce cinquième feu suivi de l’itération des quatre autres feux qu’il déclenche successivement a pour conséquence de sublimer les trois composants. D’abord le sel, puis le mercure et le soufre forment une nuée au sommet de l’athanor. Ils s’unissent alors en juste proportion de nature donnant naissance aux granules (un petit monde issu du chao primordial).
Dès que la température retombe, ces granules prennent une consistance gélatineuse, se solidifient quelque peu et tombent dans le compot.
Les alchimistes appelaient ces granulations « poisson échinéis ».
Voyons ce que nous en dit Fulcanelli dans son ouvrage « le Mystère des Cathédrales ».
« C’est l’Enfant-Jésus porté par Offerus, le serviteur ou le voyageur ; c’est l’or dans son bain, le baigneur ; c’est la fève, le sabot, le berceau ou la croix d’honneur ; et c’est aussi le POISSON qui nage dans notre mer philosophique.
Le POISSON est l’hiéroglyphe de la pierre des Philosophes dans son premier état, parce que la pierre, comme le poisson, nait dans l’eau et vit dans l’eau. »
« Parmi les peintures du poêle alchimique exécuté en 1702 par P.H.Pfau (conservé au musée de Wintertur en Suisse), on voit un pécheur à la ligne sortant de l’eau un beau poisson. D’autres allégories recommandent de le saisir à l’aide d’un filet ou d’un rets délié ; ce qui est une image exacte des mailles, formées de fils entrecroisés, schématisées sur les galettes de l’Épiphanie…
Au baigneur on substitue souvent un poisson de porcelaine, et ce poisson était une sole (lat.SOL, SOLIS, le soleil). Ajoutons encore que le fameux POISSON du Cosmopolite, qu’il appelle échinéis (chêne iis), est l’oursin (echinus) l’ourson, la petite ourse, constellation dans laquelle se trouve l’étoile polaire. Les oursins fossiles, présentent une face rayonnée en forme d’étoile. C’est pourquoi Limonjon de Saint-Didier recommande aux investigateurs de régler leur route par la vue de l’ETOILE DU NORD »
Le Mystère des Cathédrales de Fulcanelli attire encore l’attention sur la galette comme suit :
« La CORBEILLE que porte le poisson est le même hiéroglyphe que la galette; sa texture procède également de brins entre-croisés. «
» Il n’est pas jusqu’à la pàte de la galette qui n’obéisse aux lois de la symbolique traditionnelle. Cette pâte est feuilletée, et notre petit baigneur y est inclus à la façon d’un signet de livre. Il y a là une intéressante confirmation de la matière représentée par le gâteau des Rois. Sendivogius nous apprend que le mercure préparé offre l’aspect et la forme d’une masse pierreuse, friable et feuilletée. Si vous l’observerez bien, dit-il, vous remarquerez qu’elle est toute feuilletée.
Les lames cristallines qui en composent la substance se trouvent, en effet, superposées comme les feuilles d’un livre ; pour cette raison, elle a reçu l’épithète de terre feuillée, terre des feuilles, livre aux feuillets, etc. »
Nous ne nous attarderons pas sur l’étoile du berger qui est en analogie avec le sang du dragon et donc de la quintessence.
Conclusion
Les Rois Mages symbolisent les diverses étapes de notre propre vie initiatique ; tous trois sont encapsulés dans notre être.
Lors de notre initiation qui est une naissance à la vie spirituelle nous faisons don de notre Balthazar qui est notre corps de chair, notre soufre.
Nous offrons aussi notre âme qui est notre Melchior, le mercure et la pierre brute que nous devrons tailler.
Notre Gaspard est notre parcelle divine, notre or sans qui nous ne pourrions envisager de mener notre œuvre à bien.
Nous terminerons cet article comme il a commencé en méditant sur une citation de Her Bak Pois Chiche :
« L’horreur quand vient le terme, c’est d’être agrippé à la terre avec des griffes de dragon. »