Transition de SOLVE I à SOLVE II

Nous sommes en fin du sixième mois philosophique de SOLVE I, notre compot est noir comme le corbeau et notre huile de saturne qui le surnage est bien rouge. Il est temps désormais de décapiter le corbeau, c'est-à-dire de recueillir la quintessence de nos travaux pour passer à SOLVE II.

La décapitation du corbeau en alchimie opérative :

Décapitation du corbeau première phase

L’Adepte doit disposer d’une passoire en porcelaine. Il la place au dessus d’un grand verre. Il débouche ensuite le ballon dont il renverse le contenu dans ladite passoire.

La quintessence passe à travers les « mailles du filet » que constitue la passoire pour tomber au fond du verre avec le plus gros de la vase et des terrestréités.

Les granulations semi liquides sont quant à elles retenues par la passoire.

Muni d’une spatule en bois l’Adepte rassemble alors les friables granules pour les remettre délicatement dans l’athanor. Elles sont désormais débarrassées de la plus grande part du compot et des terrestréités dans lesquelles elles baignaient jusqu’alors. L'adepte vient encore une fois de rassembler ce qui est épars.

L’œuvre au noir est terminée l’œuvre au blanc va pouvoir commencer.

passoire porcelaine

Décapitation du corbeau seconde phase

Une autre phase délicate débute après la phase dénommée "couper la tête du corbeau". Il faut maintenant placer dans un flacon de verre bien bouché la "tête du corbeau" qui a coulé à travers le filet ou nasse, avec le superflu. Il faut une. On laissera le tout décanter un jour ou deux à température modérée sans remuer le flacon. Passé ce délai, le flacon sera manié avec délicatesse pour que la vase ne se mélange pas à l’huile de saturne qui, après décantation va à nouveau surnager.

Une fois le bouchon retiré, l’Adepte prend un compte gouttes et retire la partie propre du liquide rouge. Ce liquide rouge est compact et doré lorsque l’on en étale une goutte sur une plaque de verre.

Le précieux liquide quintessencié est mis dans un flacon fermé hermétiquement, de préférence avec un bouchon de caoutchouc durci ou de plastique.

Pour ce qui est du dépôt sulfureux resté au fond du flacon, il est jeté.

Certains adeptes peuvent aussi :

  • utiliser une plume de pigeon pour "faire glisser la quintessence qui surnage au dessus du compot noir.
  • utiliser un "vase florentin" c'est à dire une espèce de saucière qui permet de verser le gras (l'huile de saturne ou quintessence qui surnage). Cet accessoire de chimiste fut inventé à Florence qui comptait de nombreux alchimistes à la période de la renaissance.
quintessence compte gouttes

Décapiter le corbeau dans la littérature traditionnelle :

Selon Cyliani "Hermès dévoilé" :

Nous citerons ici encore un extrait de l’ouvrage de l’alchimiste CYLIANI, Hermès Dévoilé, en fin de chapitre « deuxième opération » :

"Or sépare cette huile surnageant à l'aide d'une plume blanche de pigeon bien lavée et mouillée et l'on prend garde de ne point en perdre, car elle est la vraie quintessence de l'or vulgaire régénéré, dans laquelle les trois principes s'y trouvent réunis ne pouvant plus être séparés l'un de l'autre. Observez bien ici qu'il ne faut pas pousser la lapidification de la matière trop loin afin de ne pas changer l'or calciné en une espèce de cristal. Il faut avec adresse régler le feu extérieur pour qu'il dessèche peu à peu l'humidité saline de l'or calciné, en le changeant en une terre molle qui tombe comme une cendre, par suite de sa lapidification ou plus ample dessiccation.

L'huile obtenue ainsi par la séparation est la teinture, ou le soufre, ou le feu radical de l'or, ou, la véritable coloration ; elle est aussi le vrai or potable ou la médecine universelle pour tous les maux qui affligent l'humanité. On prend aux deux équinoxes de cette huile la quantité nécessaire pour teindre légèrement une cuillerée à soupe de vin blanc ou de rosée distillée, vu qu'une grande quantité de cette médecine détruirait l'humide radical de l'homme en le privant de la vie. Cette huile peut prendre toutes les formes possibles et se former en poudre, en sel, en pierre, en esprit, etc., par sa dessiccation à l'aide de son propre feu secret. Cette huile est aussi le sang du lion rouge.

Les anciens la représentaient sous l'image d'un dragon ailé qui se repose sur la terre*. Enfin cette huile inconsommable est le mercure aurifique. Étant faite, on la partage en deux portions égales ; on en conserve une partie à l'état d'huile dans un petit bocal en verre blanc, bien bouché à l'émeri, que l'on conserve dans un lieu sec, pour s'en servir à faire des imbibitions dans les règnes de Mars et du Soleil comme je le dirai à la fin de la troisième opération, et l'on fait dessécher l'autre portion jusqu'à ce qu'elle soit réduite en poudre, en suivant les mêmes moyens que j'ai indiqués précédemment pour dessécher la matière et le coaguler ; alors, on partage cette poudre pareillement en deux portions égales ; on en fait dissoudre une partie dans quatre fois son poids de mercure philosophique, pour imbiber l'autre moitié de la poudre réservée. "

dragon ailé

Le symbolisme de la galette des rois :

Le symbolisme de la galette des rois est aussi lié à l’alchimie. La fève est prise dans le filet des motifs qui décorent la galette quand le corbeau est décapité. Elle symbolise la granulation. Pendant l'empire romain, lors de la période de l'épiphanie et pendant sept jours consécutifs, de grandes fêtes avaient lieu en l'honneur de Saturne (dieu de l'âge d'or qui apporte paix, abondance et prospérité et aussi planète de l’œuvre au noir). Lors de ces saturnales, une fève était déjà cachée dans un gâteau. Or pour les Pythagoriciens, la fève serait l’asile des âmes en attente de réincarnation (la granule). La fève est aussi la première graminée qui marque le printemps.

Pour aller plus loin : voir ou revoir l'article sur les Rois Mages.

Sur cette image, les fèves sont bien sur en analogie avec les granulations qui ont été retenues par le "filet" de la passoire.

L'aspect biblique du corbeau :

Dans la Genèse 8/6 à 12:

« Au bout de 40 jours, Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée dans l'arche. Il lâcha le corbeau qui partit allant et revenant, jusqu'à ce que les eaux eussent laissé la terre à sec.

Puis il lâcha la colombe (les granulations n.d.l.r.) pour voir si les eaux avaient baissé sur la face du sol.

Mais la colombe ne trouva pas de point d'appui pour la plante de ses pattes, et elle revint vers lui dans l'arche, parce que l'eau couvrait encore la surface de toute la terre.

Il étendit la main, la prit et la fit rentrer auprès de lui dans l'arche.

Il attendit encore sept autres jours et renvoya de nouveau la colombe de l'arche. La colombe revint vers lui sur le soir, tenant dans son bec une feuille d'olivier fraîche (l’huile de saturne).

Noé jugea que les eaux avaient baissé sur la terre. Ayant attendu sept autres jours encore, il fit partir la colombe, qui ne revint plus auprès de lui ».

Noe corbeau et colombe

La décapitation du corbeau en alchimie spirituelle

Sur un plan spirituel, l’abandon de la quintessence est en analogie avec le don de soi, le moment où l’on va enfin pouvoir faire usage utile de son expérience initiatique.

L'adepte a pris conscience de ses qualités et défauts (voir les chapitres "empathie et psychologie") son apprentissage l'amène à pouvoir transmettre ses expériences, savoirs et connaissances acquis tout au long de sa quête.

Il est ainsi à même de pouvoir commencer à transmettre tout en conservant une part de cette quintessence pour poursuivre sa propre progression sur le chemin.

1 commentaire

[…] Sans compter que la transition entre les phases alchimiques 1 et 2 portent l’appellation allégorique de : « décapitation du corbeau » […]

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