Nous avons terminé l'article précédent en évoquant la notion fondamentale qui consiste à bien comprendre que, de l'Absolu Non Manifesté, DIEU s'est émané Lui-même en un "Triangle d'Or", dont la Lumière éblouissante et vibrante a suggéré toutes les autres Séphiroth, comme nous allons le voir.
Reprenons, pour ce faire, notre Arbre Séphirotique et attardons-nous sur chacune des manifestations divines...
KETHER
La Première Manifestation dans ce Sublime Triangle, dans cette Triade Suprême, c'est, naturellement, KETHER, "La Couronne d'Éternité". Ce Noble vieillard -qui est la représentation de cette Séphira selon d'autres Traditions- cette "émanation" que la Kabbale nomme plus volontiers "l'Ancien des Jours", "l'Ancien des Anciens", "l'Intelligence Éternelle et Cachée" ou encore "La Gloire Première"... c'est KETHER.
Enfin, si nous voulons LE nommer, ce faisant avec respect et vénération, nous emploierons l'hébreu, langue sacrée des Kabbalistes, et nous prononcerons ce nom mystérieux et puissant, qui ne doit pas être invoqué n'importe où ni n'importe comment, et nous dirons : "EHEIEH" : "CELUI QUI EST"...
Pourquoi utiliser le mot KETHER, plutôt que le NOM DIVIN que nous venons de prononcer ? Le premier est destiné à l'étude, à la méditation, au travail, à la recherche de la compréhension, tandis que le second, n'est invoqué ou évoqué que dans le secret de son coeur ou bien encore lors de rituels mystiques ou magiques. Mais cela est une autre chose...
KETHER est donc le premier pilier duquel naissent les 2 Séphiroth suivantes...
HOKMAH et BINAH
Toutes deux forment le Plan d'ATZILUTH. Rappelons que ce plan est immédiatement issu d'AIN SOPH AUR, le "NON ETRE," la "LUMIÈRE VIDE et ILLIMITÉ".
Mais parlons encore d'ATZILUTH, et des Trois Premières Séphiroth et précisons que certains Kabbalistes chrétiens ont eu tendance à voir en ce Ternaire, la "Sainte-Trinité" : Père-Fils-Esprit. Cette interprétation, bien que séduisante, est, à notre sens, complètement erronée. Sans nous lancer dans une polémique idéologique ou théologique, il ne parait pas raisonnable de retenir cette figuration.
Efforçons-nous plutôt de considérer notre première Triade sacrée, comme une balance, à la recherche permanente de l'équilibre parfait. Les deux plateaux latéraux formant le couple dit "Couple Supérieur" et représentent le PÈRE et la MÈRE, tous deux issus de "l'ANCIEN".
Nous voyons que cette figuration est débarrassée de sa connotation masculin/féminin, positif/négatif, yin/yang, etc., puisque l'ANCIEN possède, par principe et EN le PRINCIPE, les deux polarités...
Cependant, il ne faut pas non plus considérer ces trois émanations comme étant véritablement distinctes. Dans la Kabbale, la scission en trois personnes de l'ABSOLU, du DIEU-UN, n'existe pas. Ceci constitue le "Mystère des Mystères"...
Néanmoins, le DIEU-UN se révèle au Cherchant, au travers d'Émanations dont chacune correspond à un voile.
Après cette première Séphira, ou Sphère, voyons ce qu'il advient ensuite...
HOKMAH et BINAH naissent de KETHER et possèdent, elles aussi, leur propre Nom Divin, dont nous avons inscrit l'une des orthographes sur le tableau et que nous préférons ne pas faire vibrer inutilement.
Très rapidement, indiquons que HOKMAH préside à l'aspect Père, ou positif et que BINAH, préside, quant à Elle, à l'aspect Mère, ou négatif. Ceci étant dit, comprenons-nous bien lorsque nous parlons de positif et de négatif.
Dans une École de Sagesse, ces notions sont équivalentes et indissociables. Aucune de ces deux polarités n'a de prédominance sur l'autre. Elles sont complémentaires et ne sauraient exister l'une sans l'autre. Si vous voulez une image philosophique ; le jour ne peut être sans la nuit, la lune sans le soleil, le bien sans le mal, la vie sans la mort... et l'homme sans la femme (et vice-versa)...
Le but ne serait-il pas d'intégrer les deux pôles, à l'instar de "l'Ancien des Jours" ?
Cette précision étant faite, constatons à présent, que de cette Première Triade -Triade des Triades- émane une nouvelle Triade. Ou plutôt, nous allons voir comment HOKMAH se reflète en HESED (ou CHOESED) et BINAH en GEBOURAH (encore appelée DIN).
HESED GEBOURAH et TIPHERET
HESED, c'est la "Miséricorde Divine" et
GEBOURAH se traduit par la "Justice Divine" (rigueur).
Notons que ces deux forces s'équilibrent parfaitement !
À présent, contrairement à ce qui s'est passé dans la première Triade où KETHER s'est dédoublée pour donner HOKMAH et BINAH, nous voyons HESED et GEBOURAH, le reflet de celles-ci, fusionner et former une nouvelle Séphira en TIPHERET, la "Beauté Divine", ou encore, "l'Intelligence Médiatrice." Et l'on peut imaginer que TIPHERET est un "reflet" direct de KETHER ; en fait son premier reflet. À elles trois, ces Séphiroth forment la deuxième Triade divine.
HOD NETSAH YESOD
Le même "processus émanateur" va se renouveler et, de la même manière que de la Séphira HOKMAH est née la Séphira HESED, il va "naître" de HESED, la Séphira NETZACH.
Et de la même façon que de la Séphira BINAH est née la Séphira GEBOURAH, il va "naître" de la Séphira GEBOURAH, la Séphira HOD.
Ce processus est activé, influencé et accéléré par l'action de la Séphira TIPHERETH.
NETZAH, c'est la "Victoire", HOD, c'est la "Gloire".
Ensuite, nous connaissons le mécanisme, si l'on peut dire, puisque de la fusion de HOD et de NETZACH, est issue YESOD, le "Fondement", Émanation de TIPHERETH, Elle-même Émanation de KETHER...
MALKOUTH
Ensuite, que manque-t-il à notre plan ? MALKOUTH, naturellement.
MALKOUTH, qui est une Séphira à part entière, possède comme les autres, divers aspects, diverses significations, qui, combinés avec les significations et aspects des autres Séphiroth, sont autant de clés susceptibles de nous aider dans notre quête... Cette Séphira, qui symbolise l'homme parfait, l'homme-dieu, représente également le Seuil.
Arrêtons-nous un instant sur cette Séphira qui nous colle très bien à la peau, puisque c'est par Elle (comprendre par son état) que nous devrons passer pour atteindre THIPHERETH, puis KETHER...
Nous avons dit qu'elle symbolise l'homme-dieu, l'homme parfait. Le mot parfait n'étant d'ailleurs pas à prendre, à notre avis, dans le sens commun actuel, mais dans le sens de fait "complètement"," terminé", "achevé", "accompli", dans le même sens que le verbe un peu désuet : "parfaire", dans parfaire un travail, le terminer, l'accomplir totalement... "Parfait" n'est pas perfection. "Parfait" c'est tendre vers la perfection.
Certaines analogies peuvent être faites avec KETHER, nous pouvons les méditer. Par exemple, c'est par MALKOUTH qu'il faut passer pour sortir du Monde matériel afin de remonter vers le Divin. Elle est le Seuil incontournable pour espérer atteindre KETHER, qui est Elle-même le Seuil ouvrant sur AIN SOPH AUR.
Mais MALKOUTH est aussi le Seuil de la mort, puisque c'est par Elle que l'on quitte le Divin pour descendre vers le monde des ténèbres, dans la vallée des larmes et de la mort, vers les ténèbres extérieures, encore appelées en Kabbale, les QULIPHOTH.
Nous ne parlerons pas de cet aspect de la Kabbale, qui constitue encore un autre volet d'étude, mais il était nécessaire que vous entendiez le nom QULIPHAH, singulier de QULIPHOTH, qui correspond, en gros, au CHAOS, à une sorte de "Purgatoire-Enfer", si vous préférez...
En résumé, MALKOUT est un passage, un seuil, une Porte qu'il faut franchir, comme il nous faudra franchir KETHER...