L’être humain vit dans un conflit permanent entre ce qui le motive pour agir (voir article sur les motivations) et tout ce qui vient psychologiquement contrecarrer ses motivations.
Aucune action ou mise en œuvre d’un projet n’est envisageable aussi longtemps que le poids de nos besoins, désirs et motivations est contrebalancé (voire annihilé) par nos freins craintes et inhibitions.

Les freins et les craintes

Nos freins

  • La routine qui nous pousse à ne pas changer le confort de nos habitudes.
  • L’impatience qui peut privilégier une attente à court terme qui s’avère moins "attirante" qu’une solution à long terme.
  • L’influence de notre entourage dont les avis, voire leurs intérêts personnels peuvent être incompatibles avec nos motivations.
  • Un mauvais souvenir d’une expérience passée dont les circonstances peuvent nous sembler analogues.
  • Une mauvaise gestion de notre temps disponible.

Nos craintes

  • Peur de l’inconnu.
  • Peur de renouveler une mauvaise expérience vécue dans une situation similaire par nous même ou par un proche.
  • Peur de l’échec, de ne pas avoir les compétences pour mener le projet à terme.

Comme l'exprime la balance de l'image ci-contre nous ne devons faire en sorte que le plateau des besoins et motivations soit le plus lourd pour réussir dans nos actions orientées vers l'amour du bien et de la justice.

balance des motivations

Nos inhibitions

Définition

Selon Larousse : "L’inhibition consiste en l’absence ou la diminution d'un comportement qui, dans une autre situation semblable, avait été présent ou plus fort.
Processus interne qui est supposé empêcher ou freiner l'apparition d'une réponse et expliquer ce comportement."

Les sources de nos inhibitions

Pour les évoquer, nous citerons l’ouvrage de Marie-France Grinschpoun : "L’inhibition - Un agir empêché - 2e édition (PRATIQUES) (French Edition) . Enrick B. Editions. Édition du Kindle. " dont la couverture est ci-contre.

Les sources d'influence sociale

"Les influences parentales ou de substituts parentaux...

Elles apparaissent les premières et à ce titre ont un rôle sensible sur la représentation que l’on a de nous-mêmes. Si certains ont eu la chance qu’on leur dise qu’ils étaient les plus beaux et les plus intelligents, d’autres ont dû subir des comparaisons forts peu gratifiantes avec un frère, une sœur ou un cousin (quel dommage qu’il ne soit pas aussi brillant que son grand frère !) et la confiance en soi du sujet va s’en trouver fortement perturbée. Ces images négatives peuvent s’exprimer au travers de différents objets : physique, intellectuel, instrumental, sportif ou artistique.

L’école, qui véhicule les normes sociales courantes...

peut quelque peu réparer cette première imprégnation mais aussi la renforcer en réactivant une stigmatisation négative à l’aide d’une évaluation objectivable, les notes. La personne ayant une piètre image d’elle-même risque d’avoir des difficultés d’adaptation et adoptera des conduites inefficaces à son accomplissement.

Les médias,

qui contribuent par la diffusion de l’information à la formation du jugement, constituent aussi une source considérable d’influence en renvoyant des images collectives négatives, par exemple, des cités de banlieue, images auxquelles certains peuvent s’identifier.

Les religions...

qui proposent des lignes directrices de conduite, peuvent susciter une culpabilité chez des sujets un peu rigides qui ne parviennent pas à se conformer au modèle imposé.

Les amis...

qui exercent une influence affective choisie, peuvent activer une angoisse d’abandon s’ils déçoivent ou s’éloignent.

Notre histoire collective...

qui participe à une certaine stéréotypie sociale, peut, par exemple, nous enfermer dans une position de victime.

Notre histoire individuelle...

 peut cristalliser des expériences négatives vécues comme indépassables.

Notre culture...

qui véhicule nos normes de comportement, va s’avérer émotionnellement incommunicable à tous ceux qui n’appartiennent pas à cette culture et cela peut générer des frustrations.

Le travail,

qui est source de formation et de déformations, peut conduire à des difficultés d’intégration ou d’acceptation par autrui si des différences singulières mettent en cause la cohésion groupale.

Notre patrimoine génétique...

 lui-même peut être à l’origine d’amoindrissements physiques suscitant une dégradation de l’image de soi.

Les manifestations de nos inhibitions

Toujours extrait de l'ouvrage ci-dessus :

"1 - Le sentiment d’impuissance L’inhibition est très souvent confondue avec de l’incompétence par le sujet inhibé. Cette confusion est générée par sa faible estime de lui-même et entretenue voire renforcée par le regard d’autrui. Il en résulte un malentendu, attendu par le sujet inhibé, lui permettant de ne pas remonter à l’origine de son empêchement à agir c’est-à-dire à ses représentations anxiogènes. L’expression de l’inhibition rend compte d’un débordement. Il y a dépassement des capacités d’adaptation des sujets qui disent "lâcher pied", se sentir "submergés". Ne pouvant plus faire face, l’impuissance s’exprime par une incapacité à agir, dire, entendre, comprendre, sentir, se souvenir. Les sujets se disent "bloqués", "coincés", "paralysés", "inertes". C’est comme un arrêt sur image qu’on ne peut expliquer. [...] La défense régressive du sujet inhibé tend à valider son incompétence, sa disqualification." [...]

"2 – Le sentiment d’enfermement L’incommunicabilité et l’immobilisme conduisent à un enfermement vécu comme invalidant. Les sujets se vivent comme différents des autres, handicapés, inadaptés. "Cela devient un handicap social" dit un sujet en Bilan de Compétences. Cette différence est vécue avec souffrance et le mal-être indicible attend d’être entendu. Un sujet dit clairement : "J’ai envie que les gens se rendent compte de ma souffrance mais je ne la montre pas". La souffrance du sujet inhibé a d’autant moins de chance d’être entendue qu’elle ne peut pas s’exprimer et est donc inaudible pour autrui. Son intériorisation contribue à l’enfermement du sujet. A cette souffrance même, il peut s’attacher au fil du temps parce qu’il reconnait en elle son exclusion qui fait de lui un être à part, singulier. Il ne souhaite même plus alors être entendu parce que sa douleur s’en trouverait banalisée. [...]

"3 – Le sentiment de différence Ne pas être comme les autres, malgré soi, ce n’est pas être original mais singulier. La singularité subie, qu’elle soit physique, sociale, religieuse, raciale, intellectuelle, ou instrumentale, est vécue comme invalidante et présente un risque de séparation d’avec autrui. Dans le refus de rester juif après la shoah s’exprime ainsi l’inhibition d’une identité collective que l’on retrouve dans certains cas de maltraitance familiale où le sujet refuse l’idée d’être issu d’une telle famille.
Certes, certains peuvent prendre appui sur une singularité pour développer d’autre atouts (par exemple être laid mais très brillant scientifiquement) ou bien même user de cette singularité comme d’un mérite ("je me suis fait tout seul !") ; cependant pour beaucoup, la singularité est indépassable parce qu’elle génère trop d’angoisse. Une jeune femme étudiante en Master dit : "Je n’ai pas envie qu’on me connaisse. Je veux être comme tout le monde, ne pas me faire remarquer. Il y a une certaine sortie du lot que j’essaie de masquer, parce que ne pas être comme tout le monde, ça provoque le rejet. Être originale fait trop peur ; du coup on finit par se faire oublier." Le manque de confiance en autrui conduit ici le sujet à dissimuler ses différences. Les différences reconnues (personnes ayant vécues des traumatismes de guerre ou victimes d’attentats) tendent à se rassembler (groupements d’anciens prisonniers de guerre, de victimes d’attentats). Les différences tenues secrètes (inhibitions diverses) tendent, elles, à séparer d’avec les autres." [...]

"4 – L’angoisse d’abandon Chez le sujet habité par un sentiment d’insécurité, la moindre perspective de changement suscite l’angoisse. Le changement est redouté c’est-à-dire qu’il renvoie à la peur et au doute. La limitation fonctionnelle du Moi apparaît comme un phénomène réactionnel. Le conflit interne ne laisse place à aucune défense. S’en suit "une lente acceptation faite de renoncements successifs" [...]. Ce que se dit le sujet inhibé, c’est que personne ne peut le comprendre parce que personne ne vit cela. Si on soupçonnait ses différences, il risquerait d’être rejeté, exclu, abandonné et tout vaut mieux que cette mise à l’écart, que cette séparation d’avec l’autre. Il y a alors mise en place de défenses contre la possible réactivation d’une défaillance précoce."

inhibition

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